Toute cette foule, ces gens, tristes et moins tristes. L'ambiance est pas cool, mais c'est rien à côté de ce qui arrive, enfin : quand la boite de bois apparaît, que tu vois les 4 hommes en noir porter cette boite sur leurs épaules et qu'ils la dépose au milieu de la salle, sur les 2 pieds prévus à cette effet. Là, plus personne ne parle, plus personne ne bouge. Tout le monde s'assied sur sa chaise, regardant cette boite pour certains, d'autres, plus gênés ou moins à l'aise, se contentent de contempler leurs pieds, d'admirer le carrelage ou les inscriptions et peintures sur les murs.
Puis vient les 2 curés. Ah! Qu'ils sont beau dans leurs vêtements de soie blanche et violette parsemés de feuilles d'or dans des motifs incompréhensibles pour les non initiés. Là, tout le monde se lève, fait le signe de la croix, une révérence, ou serre la main au cure-ton. Et ils commencent à déblatérer leurs conneries : "Remercions dieux pour ce qu'il à fait pour notre sœur dans le Christ Fabienne, pour ses actions, son caractère et ses aventures." pfff, comme si dieux y était pour quelques chose de ce qui se passe sur terre! Et forcément, il continue avec ses "Dieu n'est qu'amours! Laissez-vous envahir par Dieu!" et vas-y que j'essaye de ramasser un peu plus de fidèle dans l'assemblé avec mes belles-paroles toutes fabriquées et tirées de l'évangile!
Ok, ils y sont pour rien ces grands rêveurs si mon grand-père et ma grand-mère voulaient que ça passe par la religion, mais étaient-ils obligés d'y mettre tout leur baratin stupide et leurs citations du nouveau Testament, comme si nous assistions à une messe?
Mais peu importe, de toute façon, je ne faisais pas attention à ce qui se passait, je restais en léthargie, les yeux braqués sur cette boite, cette si petite boite. Le plus révoltant dans toute cette mascarade, toute cette hypocrisie, c'est la quête. Ah! Ça il la font la quête! On leurs paye une cérémonie, et évidemment, il faut qu'ils s'en rajoutent un peu plus dans les poches!
Mais le pire est à venir : les gens qui viennent te voir, qui t'ont connut quand t'étais encore qu'un fœtus sans sexe déterminer, et que tu les reconnais pas. Forcément, qu'est ce qu'ils te disent? "elle t'aimait beaucoup", "c'est une grande perte pour nous tous", "elle ne parlait que de toi"; tout ça j'aurai préféré l'apprendre plus tôt connard; "c'est mieux comme ça, elle souffrait beaucoup trop"; oh bah tiens! Je le savais pas! ; et le pire de tous, c'est ceux qui ne te connaissent même pas et qui viennent quand même te dire des conneries : "je suis vraiment désolé", "mes condoléances" mais qu'est ce que j'en ai à foutre de tes condoléances?! C'est pas ça qui va la faire revenir enfoiré!
Puis viens le moment fatidique, la dernière horreur à surmonter, le dernier moment où tu peux encore braire à gros bouillon. Changement de décor. Le trou est creusé à l'avance, la boite est déjà sur place quand tu débarques. Y a tout de suite bcp moins de monde sur place, à croire que tout n'était effectivement qu'hypocrisie. T'écoutes les dernières paroles des proches, les choses qu'on a pas osé dire et que maintenant il faut libérer, comme si elle pouvait t'entendre. On te laisse alors 5m pour faire quelque chose : toucher la boite, l'embrasser, etc; après, les 4 hommes en noirs la descende à l'aide de cordes dans le trou. Et là, tu dois jeter des fleurs, en recouvrir la boite. Tu braies un grand coup, et tu t'en vas. Le trou est rebouché, scellé et la nouvelle que tu as appris devient pour toi une réalité : la grand-mère avec qui tu étais le plus proche a succombé.